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Chroniques libres et dessins sur les lieux, les villes, les gens, la famille.

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18 février 2006 6 18 /02 /février /2006 21:27

Une onde, une vague, une aile ancore vibrante posée sur le sol. Des arcs de fer alignés qui tentent de s'échapper de la terre, qui y reviennent doucement, pour s'y enliser plus loin. Un serpent qui se hérisse comme un chat. La volonté d'épouser le paysage, de n'en faire qu'une déformation, une poussée, une résurgence, la terre se fait colline, se montre aux passant de l'autoroute proche, se fait caverne, abri: voilà, un abri, un lieu de recueillement, de recueillement des oeuvres du peintre Klee, natif de Bern, un lieu de recueillement devant les oeuvres de Klee.

Le musée Klee se veut discret, mais il apparaît immédiatement trop grand, trop ostentatoire pour les oeuvres du maître, un homme discret, un artiste de l'imaginaire intime, de l'humour désabusé, un pédagogue pointilleux. Une seule arche pour accueilir les tableaux, une autre est l'entrée et la boutique, la troisième est (était, quand j'y suis passé) inutilée. Les tableaux sont sur des cimaises, comme dans un grand hall; il y en a presque trop.

L'accumulation en peinture est mauvaise conseillère, elle permet d'embrasser l'évolution d'une vie, des premières gravures aux derniers tableaux sombres de guerre, mais elle enlève le temps de la création d'une oeuvre, combien de temps pour une de ces aquarelles qui servait à Klee pour faire ses cours au Bauhaus? une heure à peine, l'idée posée sur le papier, mais l'idée comme un pas, une marche, et c'est cette marche qu'il est passionnant de comprendre, le rytme de la vue au rythme du pas posé, réfléchi, un carnet à la main, le temps de noter, de s'imprégner, de recevoir.

Chaque aquarelle est un monde à explorer, aux multiples résonnances. Ou bien des ensembles homogènes: Klee travaillait souvent à plusieurs tableaux à la fois, plusieurs photos dans son atelier le montrent, ce sont ces tableaux là qu'il faudrait exposer, mettre à jour le work in progress, une exposition à Strasbourg il y a un ou deux ans montrait bien la conception de Klee à partir des formes naturelles, les feuilles, l'arbre, le végétal, les fossiles, les coquillages, ou les ensembles, l'écaille de posson, le poisson, le banc de poissons, ou la structure musicale (Klee jouait du violon), etc.

Klee a besoin d'intimité, d'un espace pas trop grand, il y a peu de grands formats, il y a chez Klee une économie de moyens (et une grande force d'évocation) que ne reflète pas ce musée qui semble avoir sacrifié à la mode de l'art business et à la concurrence internationale des musées, outils de promotion de l'image des villes.

Mais relativisons: tout cela reste quand même plus discret que la mozartmania actuelle...

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commentaires

L
mais où ça la mozartmania?
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