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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 17:56

Article paru dans le Phare de Ré le 25 août 2010, sur le projet d'extension du port de plasance de  Saint artin de Ré.

photo article Phare 2

 

Voici le texte en clair:

 

 

Vous avez dit Développement (touristique) Durable ?

L’article sur le projet « pharaonique » de l’extension du port de plaisance de Saint Martin a peut-être eu pour seul avantage d’engager le débat sur le développement  touristique de Saint Martin, et de l’île de Ré en général.

Si l’on ne parle aujourd’hui plus que de Développement Durable ? (DD pour les intimes…), que représente-t-il en matière touristique ?

En premier lieu qu’il ne détruise pas ce qui est l’objet même de l’attraction touristique.  Si l’île de Ré a de nombreux atouts, la mer, les plages, la lumière des matins sur les marais salants, la réserve ornithologique, Saint Martin concentre les aspects historiques de l’île : le port militaire de Vauban, la citadelle, les glacis, le départ pour le bagne…  La beauté et la puissance des remparts vus du port comme de la mer, les digues, la silhouette meurtrie de l’église, la grandeur inachevée de l’hôpital ont valu à Saint Martin un classement au patrimoine de l’UNESCO. Faut-il dénaturer par des simili demi-lunes accolées à une digue de plusieurs centaines de mètres une architecture militaire exceptionnelle (déjà entamée par un épi à l’entrée du port) pour y stocker 700 bateaux et une armée de mâts ?

En second lieu, que les nuisances induites par le développement soit réduites, ou du moins maîtrisées. Et une des premières conséquences d’un port (qui s’avère est plutôt un garage à bateaux) est d’entraîner un trafic et un stationnement de voitures. Comment penser que cet afflux supplémentaire sera maîtrisé alors qu’aujourd’hui l’îlot est envahi par les voitures, que la circulation n’est pas interdite intra-muros comme elle l’est dans d’autres villes historiques, que la « zone 30 Km/h » n’est pas respectée, rue de l’Hôpital par exemple, que des placettes charmantes près de l’église sont envahies de voitures ?

En troisième point que l’effet de levier économique soit effectif. L’importance de l’investissement d’un nouveau port est-il en rapport avec l’activité générée alors qu’il ne subsiste plus de voilerie à Saint Martin, alors que le port ne comporte même plus de magasin nautique, que la station d’essence n’est plus en service ? Le port générera certainement une clientèle de restaurants ou de boutiques. Mais quelles activités liées au nautisme ? Certaines entreprises, comme Latitude 46, relève le défi par des produits de qualité. Sachant qu’un bateau ne sort que deux ou trois fois en moyenne dans l’année, le projet pharaonique ne sera-t-il pas en définitive un simple parking ? Et ne deviendra-t-il pas une annexe du port des Minimes ?

Enfin que le volet social soit véritablement pris en compte. Tout projet « DD » doit intégrer un volet social, et c’est toujours le plus difficile à mettre en œuvre, parce qu’il ne s’agit plus de technique, d’investissement immobilier, de rentabilité, mais de rapports humains, de contacts, d’accès à la pratique nautique par le plus grand nombre.

Il existe donc d’autres façons de réfléchir le développement touristique que de promouvoir un concept qui se révèle archaïque par son accumulation de pontons, qui répondront à une demande mais créeront immédiatement une nouvelle demande de mille places. Partir des véritables besoins de la plaisance, c’est à dire naviguer plus que stationner, faire accéder la plaisance au plus grand nombre, aux jeunes en particulier, développer de nouveaux modes de pratiques de la voile ou du moteur (le « bateau-partage ? le bateau-lib ?), créer des écoles de navigation (une école hauturière ?), favoriser la location, améliorer l’accueil des visiteurs, toutes activités moins gourmandes d’espaces et d‘investissements et créatrices de plus d’emplois, et que les équipements actuels peuvent accueillir. Faire du développement durable (et aujourd’hui aucune personne un peu responsable ne peut concevoir le développement autrement), c’est développer de nouvelles pratiques, de nouveaux rapports sociaux, autres que la simple consommation individuelle.

Selon le schéma classique du développement durable, celui-ci est une approche économique globale à la confluence de trois préoccupations, l’économique, le social et l’écologique. Il ne faut pas se gargariser de mots, mais inventer véritablement de nouvelles approches. Et donner les moyens de préserver le patrimoine de Saint Martin en développant des activités génératrice d’emplois plus qu’en favorisant le consumérisme primaire, la consommation/destruction d’un site magnifique qui reste, et restera pour longtemps, le moteur touristique essentiel de la commune.

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commentaires

M
<br /> <br /> Bien parlé ! effectivement le DD devrait bientôt être un incontournable, au même titre que le tourisme sera nécessairement durable. En tout cas, je pense que c'est là son aboutissement, dépasser<br /> les discours marketing pour devenir une réflexion rentrée dans les moeurs.<br /> <br /> <br /> <br />
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